L’archevêque de Cantorbéry, Justin Welby, dénonce le projet d’envoyer les migrants au Rwanda dans son sermon de Pâques

L’archevêque de Cantorbéry Justin Welby s’en est vivement pris dans son sermon de Pâques dimanche à l’accord hautement controversé entre le gouvernement de Boris Johnson et Kigali pour envoyer au Rwanda les demandeurs d’asile arrivés illégalement au Royaume-Uni.
L’accord annoncé jeudi - qui vise à dissuader les dangereuses traversées de la Manche, en pleine augmentation malgré les promesses du Brexit de mieux contrôler les frontières - fait l’objet de vives critiques, notamment de la part du Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés.
L’organisation dénonce un accord « en contradiction avec la responsabilité des États de prendre soin de ceux qui ont besoin de protection ».
Dans son sermon de Pâques, le chef spirituel de l’Eglise anglicane Justin Welby estime, lui, qu’envoyer des demandeurs d’asile à l’étranger pose de « graves questions éthiques ».
The Archbishop of Canterbury has condemned the UK's Rwanda asylum seeker plan, questioning the ethics of “subcontracting out our responsibilities”, in his Easter sermon. pic.twitter.com/n5DimHoAJR
— Channel 4 News (@Channel4News) April 17, 2022
« Les détails sont pour la politique et les politiciens », mais « le principe doit faire face au jugement de Dieu et il ne le peut pas », a-t-il déclaré.
« Il ne peut pas porter le poids de la responsabilité nationale de notre pays formé par les valeurs chrétiennes, car sous-traiter nos responsabilités, même à un pays qui cherche à faire le bien comme le Rwanda, est l’opposé de la nature de Dieu lui-même qui a pris la responsabilité de nos échecs », a poursuivi Mgr Welby.
De son côté, le ministère de l’Intérieur a mis en avant la « crise migratoire d’une ampleur sans précédent » à laquelle le monde est confronté, un porte-parole soulignant les « changements nécessaires pour empêcher les ignobles passeurs de mettre la vie de gens en danger et pour réparer notre système d’asile qui est cassé ».
Dès l’annonce du dispositif jeudi, le Premier ministre Boris Johnson a dit s’attendre à des recours en justice de la part d’associations.
Pour Tahsin Tarek, un vitrier de 25 ans d’Erbil, capitale du Kurdistan en Irak, qui économise pour financer un nouveau voyage vers l’Europe, cette annonce change la donne.
« Je vais réfléchir à un autre pays », a déclaré à l’AFP samedi le jeune homme, pour qui « vivre ici et supporter les difficultés ici, c’est mieux que de vivre au Rwanda ».
Dans la suite de son sermon, l’archevêque de Cantorbéry a appelé à la paix en Ukraine. »Que ce soit le moment du cessez-le-feu russe, du retrait et de l’engagement de pourparlers », a-t-il déclaré.
« Que le Christ prévale ! Que les ténèbres de la guerre soient bannies », a poursuivi le représentant de l’église anglicane.
En conclusion, Justin Welby a évoqué l’espérance qui accompagne Pâques.
« Le Christ Jésus qui a été crucifié a été ressuscité par Dieu le Père dans la puissance de l’Esprit. La victoire du bien et de l’amour est garantie. La défaite du mal est assurée. L’injustice est vaincue. La fin de l’ancien monde est arrivée. »
Camille Westphal Perrier (avec AFP)